Mindset

Combattre le syndrome de l’imposteur pour être un artiste accompli

Artiste devant ses oeuvres

17 mai 2024

Vous aimeriez commencer à partager votre travail mais vous n’osez pas ? Vous partagez déjà vos créations et avez de chouettes retours mais vous pensez que les gens sont juste gentils avec vous ? Vous aimeriez démarcher ce client qui vous fait rêver mais vous pensez ne pas être à la hauteur ?

Toutes ces situations ont en commun le sentiment – bien désagréable – de ne pas être à la hauteur. Si on se laisse submerger par les pensées qui l’accompagnent, cela devient paralysant. C’est le syndrome de l’imposteur, très courant chez les artistes.

Pour lutter contre, décryptons d’abord d’où cela vient et comment mettre en place des habitudes solides pour continuer d’avancer.

C’est parti ⤵️

Pourquoi on ressent ce syndrome de l’imposteur

Nous connaissons tous ce sentiment d’imposture

Malheureusement, c’est comme ça : nous serons toujours confrontés au syndrome de l’imposteur à petite ou grande échelle. Comme le sentiment de manque d’inspiration, le sentiment de manquer de légitimité est partagé par tout le monde. Que vous soyez grand débutant ou que vous ayez déjà des années de pratique artistique.

Si vous en êtes au stade où vous pensez partager vos créations, vous pouvez vous dire :
“Ce sont juste des croûtes, ça ne mérite pas d’être vu”.

Si vous partagez déjà vos créations et souhaitez vous lancer dans un projet moins amateur, vous pouvez vous dire :
“On va penser que je me prends pour je ne sais qui”.

Si vous avez déjà quelques projets clients et que vous voulez étendre votre carnet de commande, vous pouvez vous dire :
“Je ne peux pas viser tel client car il se rendra compte que je n’ai pas le niveau”.

Si vous avez décroché un échange avec ce client que vous espérez, vous pouvez vous dire :
“Même s’il acceptait mon devis, il finira par penser qu’il aurait dû faire appel à quelqu’un de plus expérimenté”.

Votre client est content et le projet s’est bien passé, vous pouvez vous dire :
“J’aurais pu mieux faire telle illustration”.

Même après ses années d’activité, Marie a encore souvent ce sentiment. On peut cependant apprendre à l’accepter et à l’atténuer. Et si en plus, il pouvait avoir du bon ?

Artiste confronté au syndrome de l'imposteur
Le syndrome de l’imposteur peut toucher tous les artistes, que l’on soit débutant ou que l’on ait des années de pratique.

La peur du jugement et la comparaison

Le syndrome de l’imposteur n’existe que parce qu’on attend d’avoir l’approbation des autres. C’est une forme de peur du jugement : on a peur qu’on nous juge trop débutant. On va s’auto-juger par rapport à ça. Donc on va se trouver trop débutant. Donc on se bloque, donc on reste débutant. Prophétie auto-réalisatrice.

Ici, nous n’allons pas vous donner des conseils du type “apprenez à arrêter de vous comparer”. Nous savons bien que ça ne fonctionne pas car ce n’est pas possible de ne pas se comparer ! On ne peut pas vivre dans une bulle coupée de ce que font les autres. Nous allons donc continuer de nous auto-juger par rapport à ceux qui ont atteint ce qu’on souhaite atteindre.

Mais ce dont nous sommes sûrs par contre, c’est qu’il est possible d’avancer et de ne pas rester engluée dans “je ne ferais jamais aussi bien donc inutile que j’essaie”.

Et pour ceux qui nous connaissent déjà, vous savez bien au travers de nos stages Booster que quand on passe à l’action, on est souvent bien plus contente de soi que ce qu’on pensait au début.

Le syndrome de l’imposteur concerne davantage les femmes
Quand on a été socialisé en tant que femme, on a aussi intégré le caractère de sexe inférieur. Cela a pour conséquence que les femmes sont plus touchées par le sentiment de dévalorisation. D’après une étude américaine du journal Science, on intériorise même cela dès l’âge de 6 ans. C’est à cet âge que les filles commencent à douter davantage de leur capacité que les garçons. Elles attribuent des compétences intellectuelles supérieures aux garçons par rapport aux filles. Et dès cet âge elles vont avoir plus tendance que les garçons à se mettre en retrait des jeux qu’elles pensent être pour les personnes très intelligentes.

Notre niveau vs notre idéal

Ira Glass, un journaliste et animateur de radio très populaire aux États-Unis, a décrit ce qu’il appelle “The taste gap”. Ce concept difficile à traduire en français en seulement quelques mots met en balance deux compétences que nous avons pour un domaine :

  • Notre goût pour celui-ci. Pas le goût dans le sens ce que l’on aime ou ce que l’on n’aime pas, mais dans le sens notre regard critique qui s’affine petit à petit quand on se familiarise avec le domaine.
  • Et notre niveau dans le domaine en question.

Pour prendre un exemple concret avec la peinture de paysage :
Votre goût c’est votre œil pour certaines techniques qui va se développer. Au début, vous pouvez avoir envie de peindre des souvenirs de vacances. Et puis en commençant à analyser les photos, vous allez avoir envie de retranscrire la profondeur. Alors qu’au début vous ne pensiez pas vous poser cette question. Ensuite vous allez apprécier le rendu d’une palette de couleurs. Alors qu’au début vous n’aviez pas identifié que les couleurs avaient un impact sur votre perception d’une œuvre. Et ainsi de suite.

Forcément votre goût va se développer plus rapidement que votre niveau. C’est normal : à force de créer et de passer du temps sur vos sujets, de voir les œuvres d’autres artistes, vous allez développer un jugement pour cette activité artistique. Vous allez vous rendre compte de vos préférences, des effets que vous observez chez d’autres artistes et ne savez pas encore reproduire. Et c’est super ! C’est ce qui pousse à travailler et à progresser.

Si on représente ce deux notions de goût et de niveau sur un axe de temps, on arrive à cela :

The Taste Gap
The taste gap : l’écart entre notre goût pour un domaine et notre niveau pour celui-ci au fil du temps.

Le gap, c’est le fossé qui se crée alors entre les deux. C’est exactement à ce moment qu’arrive le syndrome de l’imposteur et que vous vous dites “ce que je fais est nul”. Jusqu’à ce que vous ayez assez approfondi les techniques, sujets, matières, couleurs… qui sont dans votre idéal.

Il faut accepter ce processus car il est inévitable. Et c’est une bonne chose ! Ce bon goût pour un domaine qui se développe va aider à analyser notre travail pour l’améliorer. Et petit à petit, en s’améliorant, on peut sortir de l’état d’esprit de l’imposteur en résorbant le fossé.

Et cela à une seule condition : PRATIQUER.

Nos stratégies pour vous aider à dépasser le syndrome de l’imposteur

Rappelez-vous pourquoi vous montrez votre travail

Comme le syndrome de l’imposteur est lié au fait de s’exposer et de laisser la porte ouverte au jugement, on peut l’annuler en créant uniquement pour soi. Plus besoin d’être légitime si personne ne voit notre travail.

Ça peut être une possibilité si on débute dans une pratique complètement nouvelle. Mais si vous souhaitez vendre votre art, alors ça n’est pas tenable, vous devez montrer votre travail pour être vu et recevoir des critiques qui font avancer.

Cela vaut le coup de réfléchir à ce que ça vous apporte de partager votre art au monde: si c’est que de la souffrance, c’est peut-être mieux de le garder pour soi ? Mais vous savez aussi qu’il y a des qualités à être visible : on gagne de l’expérience plus rapidement car ça force à faire des créations abouties, à les expliquer, à en faire régulièrement si on met en place un rythme, on reçoit l’avis des autres, on fait partie d’une communauté…

Listez les bonnes raisons, dans votre situation, de partager votre travail.

Pratiquer, pratiquer et encore pratiquer

“C’est en forgeant qu’on devient forgeron.”

Si cette phrase paraît éculée, c’est bien parce qu’elle est véridique. La pratique c’est la base : l’artisanat/l’art … ça se pratique !

Il faut accepter qu’à un moment on sera dans le gap. Et que pour le réduire il n’y a qu’une solution : pratiquer. Même quand on trouve que c’est nul, il faut continuer de pratiquer.

N’espérez pas que le prochain article du blog soit “40 astuces pour éviter le syndrome de l’imposteur”. Le seul vrai conseil c’est la pratique.

Se considérer comme pro

Personne ne va arriver un jour et vous dire “ça y est tu n’es plus imposteur”. Aucun client ne viendra vous dire “maintenant tu es une artiste”. Vous croiserez peut-être quelqu’un avec un meilleur niveau qui vous fera involontairement vous sentir comme un imposteur. Il faut que l’approbation vienne de vous, ou accepter qu’elle ne viendra pas du tout.

Ce qui aide beaucoup et a aidé Marie c’est “Fake it until you make it”. En français : “Fais semblant jusqu’à ce que tu y arrives”. Il s’agit ici de distinguer ce que vous faites et comment vous vous présentez. Bien souvent ce que vous faites est très bien mais pas encore reconnu comme tel. Ce qui fait que vous n’arrivez pas à vous identifier avec votre nouveau statut (vous attendez l’approbation). Avec “fake it until you make it”, l’idée n’est pas de mentir aux autres sur ce que vous faites, mais de mentir à vous-même sur qui vous êtes ( = vous apporter tout de suite l’approbation que vous cherchez).

Vous n’arrivez pas à vous sentir artiste ? La solution ici c’est de vous imposer l’idée que vous êtes artiste jusqu’à vous sentir vraiment artiste. Au début ça fera bizarre, mais au bout d’un moment à porter “ce costume”, vous vous l’approprierez peu à peu. Comment pourriez-vous faire pour vous sentir artiste, même en faisant semblant au début ?

Pour Marie, cela est passé notamment par :

  • Investir dans des outils pros (Photoshop par exemple). En utilisant les outils utilisés par les pro, elle se sentait plus pro.
  • Faire des propositions pros et carrées à ses clients, même si elle n’avait pas beaucoup d’expérience, cela la faisait se sentir plus en confiance.
  • Améliorer ses visuels : prendre de belles images de ses peintures, même si au fond elle voyait encore une marge de progression (pour cela, apprenez à mettre en valeur et numériser vos créations).

Grâce à cela, Marie a osé s’affirmer artiste (même si au fond elle n’y croyait pas encore à 100%). En s’auto-persuadant qu’elle était déjà pro, elle a pu convaincre plus facilement des clients et ainsi décrocher plus de projets qui l’ont plus vite rendue… pro.

Finalement, toute cette démarche permet de décrocher les preuves qu’il vous manque que vous “méritez” votre nouveau statut. Une fois une ou deux preuves collectées… le gap se réduit : votre statut matche mieux avec vos actions, vous êtes alignée.

Nous vous en parlions en détails dans notre article Comment passer d’amateur à pro, renvoyer une image professionnelle est, selon nous, indispensable pour décrocher ses premiers contrats.

Artiste devant ses oeuvres
À force de pratiquer et de pouvoir constater concrètement le chemin parcouru, on se sent plus en confiance.

Mesurer le chemin parcouru

Le dernier conseil que nous vous donnons c’est de lister ce que vous avez déjà accompli. Factualiser ses réussites (il y en a toujours !) est une bonne façon de rétablir ses jugements sur soi-même à un niveau plus juste.

Souvent on ne réalise pas ou alors on minimise la progression de notre courbe de niveau. Voir concrètement ce qu’on a déjà fait aide à réduire la perception de son gap. Le plus efficace encore étant de récolter des preuves extérieures de la qualité de son travail.

Pour cela vous pouvez par exemple vous faire un dossier avec :

  • Des commentaires positifs reçus sur les réseaux sociaux
  • Des témoignages récoltés après chaque contrat
  • Une liste de ses premières ventes
  • Une liste des techniques sur lesquelles on a progressé
  • Toutes les compétences que vous possédez, même si elles n’ont, a priori, pas de lien avec le domaine en question.
  • Une liste de vos créations qui vous apportent satisfaction

À adapter en fonction de ce qui est pertinent pour vous sur les points qui vous apportent le plus de craintes.

De cette façon, vous pourrez visualiser de façon objective ce que vous avez déjà réalisé. Vous pourrez aussi vous reporter à ces listes pour vous booster à l’avenir.

C’est à vous !

Avez-vous souvent le sentiment de ne pas être légitime ? Si tel est le cas, n’oubliez pas que cela concerne aussi les personnes que vous admirez. Il s’agit d’un sentiment qui ne reflète pas la réalité. C’est une tendance que nous avons à la dévalorisation.

Continuer de pratiquer et de montrer son travail va vous permettre de développer vos compétences et d’avoir des retours sur vos capacités.

L’étape suivante est de prendre conscience de tout le chemin parcouru dans cette pratique en le factualisant. Ne vous dites pas “oui c’est vrai” en le lisant, faites-le réellement.

Y a-t-il des domaines dans lesquels vous ressentez davantage le sentiment de ne pas être à la hauteur ? Comment faites-vous pour continuer d’avancer ? Partagez votre expérience en commentaires pour aider les autres artistes !

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