Ma technique pour reproduire n’importe quelle couleur à l’aquarelle

Saviez-vous qu’avec peu de couleurs vous pouvez créer presque toutes les nuances ? Pas besoin d’acheter systématiquement de nouveaux godets (même si acheter du nouveau matériel est toujours très réjouissant !). Pour cela, un peu de méthode sur les mélanges de couleurs suffit. C’est ce que je vais vous détailler dans cet article. On y va ensemble ⤵️

Les avantages de maîtriser les mélanges de couleurs

Voici la liste des avantages que vous gagnerez dans votre pratique artistique avec cette méthode :

• Plus de liberté : on n’est plus limité par les couleurs de sa palette.
• Gain de temps : à force de connaître les couleurs, on va beaucoup plus vite car on peut anticiper le résultat qui va se créer avec tel ou tel mélange.
• Autonomie par rapport au matériel : pas besoin d’acheter de nouvelles couleurs pour avoir les couleurs dont on a besoin, on ne dépend plus de ce que l’on a.
• Plus de réalisme : savoir reproduire les couleurs que l’on voit permet d’avoir un résultat plus organique, moins “sorti du tube”.
• Résultat plus subtile : ça permet de créer des alliances différentes de ce que l’on voit partout.
• Étendre ses préférences : c’est l’occasion de découvrir de nouvelles couleurs qui vous plaisent beaucoup mais que vous n’auriez jamais obtenues sans mélange.
• Prendre confiance en soi grâce à un sentiment de maîtrise.
• Unité dans ses créations : créer des réalisations avec des mélanges donne un résultat plus harmonieux car on ressent les couleurs qui composent un mélange. En réutilisant les couleurs de base ailleurs dans la peinture, il se dégagera une cohérence.

Pour les techniques de base sur les mélanges, je vous invite à consulter notre article sur les mélanges de couleurs.

Le point le plus important pour bien réussir son mélange : l’observation

La meilleure compétence dont vous avez besoin pour savoir faire des mélanges de couleurs c’est l’observation. Bien observer permet d’identifier précisément ce que l’on voit et de prendre des décisions en fonction. C’est important de savoir observer son sujet, la couleur que l’on souhaite refaire :

Mais aussi observer ses mélanges et se poser des questions simples : est-ce que c’est plus clair, plus foncé, plus chaud, plus froid, plus neutre, plus saturé ?

Ma méthode pour faire des mélanges de couleurs : le tâtonnement

L’idée est donc simple : on observe une couleur et par tâtonnements, on essaye de la reproduire. Il y a plein de façons d’arriver au même résultat. Il n’y a pas une bonne combinaison pour faire un mélange. Pas la peine de chercher à avoir les mêmes godets/tubes que moi et d’apprendre tous mes mélanges.

Étape 1 : Identifier la teinte de base

En premier lieu, on va observer la couleur que l’on souhaite obtenir (couleur cible) et identifier la couleur de base la plus proche parmi les couleurs primaires et secondaires auxquelles j’ajoute aussi le marron.

Je ne mentionne pas le noir ou le gris car je n’en ai pas dans ma palette et je ne recommande pas de les utiliser pour faire des mélanges (les pigments noirs ternissent les mélanges et on perd l’intensité des couleurs qui les composent).

On peut observer l’une de ces couleurs de bases dans n’importe quelle couleur, même si cela n’est pas forcément évident au premier coup d’œil. Dans l’exemple ci-dessus, j’aurais dit qu’il s’agit d’un bleu.

Exercice : Identifiez la teinte de base des couleurs suivantes :

Étape 2 : Sélectionner dans votre palette, la couleur qui se rapproche le plus de la couleur cible

Une fois cette couleur de base identifiée, trouvez dans votre palette celle qui se rapproche le plus. Par exemple :

Je cherche à obtenir ce beige. Pour moi, sa couleur de base est jaune. Dans ma palette j’ai 3 jaunes : jaune citron, gomme gutte et jaune de Naples foncé. J’aurais pris jaune de Naples foncé qui se rapproche le plus de ce beige que je cherche à obtenir.

Étape 3 : Ajuster le mélange

La couleur que l’on a identifiée dans sa palette est rarement la couleur cible que l’on cherche, c’est maintenant que l’on va commencer les mélanges. Le tout, en continuant bien d’observer.

Pour cela, on commence par comparer la couleur cible avec la couleur que l’on a choisie et posée sur son papier en se posant 3 questions :

1. Est-ce que la couleur cible est plus foncée ou plus claire ?
   • Si elle est plus foncée : ajout de la complémentaire et/ou ajout de pigments.
   • Si elle est plus claire : ajout d’eau.
2. Est-ce que la couleur cible est plus neutre ?
   • Si elle est plus neutre : ajout de la complémentaire.
   • Si elle est plus saturée : c’est peut-être le signe que vous ne pouvez pas obtenir la couleur cible avec vos couleurs et qu’il est nécessaire d’avoir des couleurs plus saturées.
3. Est-ce que la couleur cible est plus chaude ou plus froide ?
   • La plupart du temps, si c’est plus chaud on ajoute du jaune.
   • Si c’est plus froid, on ajoute du bleu.

Et on recommence cette étape 3 autant de fois que nécessaire en observant la nouvelle couleur obtenue (et posée sur le papier) avant chaque ajustement.

Exercice : faire des couples de complémentaires avec sa palette

1. Explorez les couples de base : bleu + orange, vert + rouge et violet + jaune.
2. Essayez à présent de foncer des couleurs plus difficiles comme un framboise ou un turquoise. Positionnez-les d’abord sur le cercle puis cherchez la complémentaire en face et essayez des mélanges.

Exercices : recherche de mélanges à partir de photos

Pour rendre cet article concret et pratique, nous vous proposons cet exercice. Nous avons sélectionné deux photos de sujets appréciés par nos élèves et nous en avons tiré 5 couleurs. Nous vous proposons de les chercher à partir de votre propre palette.

Patricia, notre coach aquarelle, se prête à l’exercice pour vous faire la démonstration de l’une des couleurs proposées pour chaque photo.

Proposition de Patricia, photo renoncules :

Pour moi c’est un rose pêche clair. La couleur de base me semble être un rose, il penche vers le orange et je prévois de mettre pas mal d’eau car il est clair.
La couleur la plus proche sur ma palette : magenta de quinacridone.

1. Magenta de quinacridone seul.
2. Il me semble trop foncé par rapport à la couleur cible alors j’ajoute de l’eau.
3. J’ajoute du jaune de Naples foncé pour avoir la teinte rose pêche.
4. Le résultat me parait encore trop rose alors j’ajoute un petit peu plus de jaune : j’ai la couleur cible.

Proposition de Patricia, photo montagnes :

Pour moi la couleur que l’on cherche à obtenir est un gris coloré (ombre des nuages). C’est assez difficile de dire quelle est sa couleur de base, je pars sur un orange qui est la couleur du nuage dans la lumière.

1. Je repars avec mon mélange précédent de magenta de quinacridone + jaune de Naples foncé (je n’ai pas de orange dans ma palette). Je mets très peu d’eau pour pouvoir foncer facilement.
2. Je cherche la complémentaire, soit du bleu. J’ajoute du bleu d’indanthrène qui est un bleu que j’aime utiliser pour faire les effets dramatiques dans le ciel.
3. Comme c’est un bleu plutôt chaud, le résultat est un peu trop violet. J’ajoute du jaune de Naples foncé : j’ai la couleur cible. Un gris dans lequel on distingue du bleu et du orange qui me semble bien adapté pour ce ciel. Ce gris est aussi beaucoup plus riche que si j’avais utilisé un godet de gris.