La perspective atmosphérique, aussi appelée perspective aérienne, est une technique de peinture classique qui sert à reproduire visuellement la sensation d’éloignement physique des objets lointains. C’est une technique qui s’utilise avec tous les médiums et pas seulement à l’aquarelle. Elle peut s’utiliser pour de nombreux sujets mais c’est sur les paysages qu’elle est véritablement incontournable.
Après une présentation de ce qu’est la perspective atmosphérique et pourquoi nous l’observons, nous verrons comment la réaliser en peinture. Et vous verrez qu’elle est en fait très accessible ! Une autre bonne raison de l’utiliser.
On y va ⤵️
Qu’est-ce que la perspective atmosphérique ?
La perspective atmosphérique est appelée perspective car elle marque l’éloignement, mais elle n’a rien à voir avec la perspective linéaire, qui impressionne souvent avec les points et lignes de fuite. La perspective atmosphérique ne nécessite pas de notions de géométrie, mais des bases en théorie des couleurs.
Elle est dite atmosphérique ou aérienne car ce phénomène est dû à l’air qui nous entoure. C’est assez simple à comprendre : plus un élément est éloigné de nous, plus la quantité d’air qui nous en sépare est importante. Quand on regarde une montagne au loin, nous voyons donc d’abord cet air qui est devant la montagne. Même s’il nous paraît transparent, l’air contient de la poussière, de l’humidité… et cela crée un effet d’opacité au devant.
Pourquoi est-ce difficile de la représenter en peinture ?
Même quand on a déjà pas mal de pratique, la perspective atmosphérique est une notion qui est assez contre-intuitive. Notre œil et notre cerveau sont habitués à l’observer, mais cela demande un certain effort mental pour la mettre en pratique.
Pourquoi ? Car notre connaissance de la couleur locale de l’objet passe avant notre vision de la couleur perçue.
Tout le monde connait la couleur “par défaut” d’un objet, c’est la couleur locale. Un rocher est gris, un arbre est vert, la neige est blanche, la mer est bleue, un ponton de bois est marron, etc.
Et assez intuitivement, c’est cette couleur que nous allons peindre. Si nous voyons un arbre sur une photo, nous aurons tendance à le peindre en vert, même si en observant bien la photo, il est en fait bleu (couleur perçue).
En réalité, un élément aura une couleur différente selon le contexte : le moment de la journée, la luminosité ou sa position dans l’espace. Bien prendre le temps d’observer sa référence (photo ou réel) est donc la première étape pour avoir une perspective atmosphérique juste.
Prenons un exemple concret :
D’autant plus que la plupart du temps, l’effet peut être moins marqué sur les photos, et les éléments gardent en partie leur couleur. Par exemple, une montagne de sapin sera bleu-vert.
Comme ici :
Apprenez à peindre des paysages complets avec une belle profondeur, dans notre cours complet Parcours Paysages.
La perspective atmosphérique est-elle visible sur tous les paysages ?
La réponse est oui, sans exception. La perspective atmosphérique est toujours présente, car nous sommes toujours entourés d’air.
Notre œil y est profondément habitué. Voir une montagne au loin bleue est plus logique pour notre cerveau que de voir une montagne au loin verte.
Vous n’avez donc pas d’hésitation à avoir, vous pouvez l’utiliser dans chacun de vos paysages. Il n’y a pas de cas où cela ne paraîtra pas logique.
Nous allons même plus loin : vous pouvez l’accentuer. Si vous ne la voyez pas beaucoup sur votre photo, vous pouvez l’exagérer. Cela donnera un résultat naturel sur la peinture.
Si les plans de votre scène sont plus rapprochés, la perspective atmosphérique sera sans doute peu visible. L’accentuer est alors un très bon moyen d’ajouter de l’éloignement et de la profondeur. Cela rendra votre scène plus impactante, plus captivante à regarder.
Pourquoi est-ce important de peindre la perspective atmosphérique ?
Comme nous venons de le voir, la perspective atmosphérique est un phénomène auquel on est tellement habitués, qu’il donne du sens à la scène et guide notre œil dans celle-ci. Ce qui est très agréable en tant que spectateur.
Et plus encore, ne pas la voir risque de faire comme un “bug”. On ne saura pas dire pourquoi mais entre deux peintures identiques dont l’une aurait une perspective atmosphérique et l’autre non, celle qui n’en a pas nous paraîtra plus amateur.
Saviez-vous que dans les peintures de grands maîtres, on observe aussi la perspective atmosphérique ?
Dans La Joconde (1506) de Léonard de Vinci, on peut observer la perspective atmosphérique dans le paysage à l’arrière-plan. On voit les teintes se refroidir au plus les éléments sont loin et comme se fondre dans le ciel au plus loin.
Dans Vue de Paris des hauteurs du Trocadéro (1872) de Berthe Morisot, on voit les bâtiments s’éloigner de nous de plus en plus de nous, ils deviennent plus flous, moins contrastés.
Dans Les pins le long du rivage (1896) de Henri-Edmond Cross, on peut voir une succession de lointaines montagnes qui s’estompent peu à peu comme se rapprochant du ciel. L’effet de profondeur est captivant.
Dans ce tableau de Blanche Hoschedé, L’église de Giverny (1899), la montagne au loin est imposante en taille, pourtant elle nous semble se fondre avec l’horizon. De même que la forêt au devant de la montagne paraît dense mais pourtant bien lointaine.
Comment représenter la perspective atmosphérique en peinture
Les 3 principes de la perspective atmosphérique
Pour représenter la perspective atmosphérique, on représentera l’arrière plan :
- Plus flou
- Plus clair
- Plus froid
1. Plus flou, moins de détails
Pour peindre un arrière-plan, on va diminuer le niveau de détails par rapport aux autres plans. On va éviter les contrastes nets. On peut même carrément venir fondre les éléments dans le ciel (si on aime cet effet).
À l’aquarelle, cela se traduit par des zones que l’on va peindre dans le mouillé. On peut ajouter des nuances dans la zone avec des fusions mais on va éviter de venir ajouter des éléments sur le sec car cela créerait trop de netteté qui attirerait l’œil.
2. Plus clair, moins de contraste
Plus les éléments sont loin de l’observateur, plus ils seront clairs. On éclaircit donc progressivement la couleur au plus on s’éloigne du premier plan.
À l’aquarelle, on ajoute de l’eau à la couleur de l’élément pour l’éclaircir.
Il y a une limite cependant, l’élément qui doit rester le plus clair dans un paysage, c’est le ciel (sauf dans le cas d’une montagne enneigée à l’arrière-plan).
Réaliser un schéma de valeurs préparatoire à sa peinture permet de réfléchir à la façon de matérialiser la perspective atmosphérique. Cette notion est également abordée en détail dans Parcours Paysages.
3. Plus froid, plus bleu
Si on est en plein jour, l’arrière-plan est plus froid, plus bleu (moins jaune), que les éléments devant lui.
Pour accentuer la profondeur dans une scène, la base est de refroidir les couleurs de l’arrière-plan, mais on peut aussi réchauffer légèrement celles du premier plan. Cela peut-être par exemple en représentant un peu plus jaune l’herbe la plus au devant.
On observe également que l’arrière-plan est flou, sans détail. Il y a différentes nuances de couleurs mais elles se fondent les unes dans les autres. On comprend qu’il s’agit d’arbres avec la forme mais on ne distingue pas les feuilles comme les arbres plus au devant.
Ce paysage est issu d’une leçon de notre cours Parcours Paysage.
Le cas du coucher de soleil
Le dégradé de température est inversé dans le cas d’un coucher de soleil. Du fait de la présence du soleil en bas de l’horizon, celui-ci éclaire de sa lumière jaune-orangé les éléments les plus loin. L’ensemble de l’arrière-plan est donc réchauffé et le premier plan, moins éclairé, devient le plus froid. On va appliquer les couleurs les plus chaudes au loin, et on les refroidit au plus les éléments sont proches.
Astuce
Qu’il s’agisse d’une scène en plein jour ou de coucher de soleil, ajouter la couleur du ciel (orange ou bleu) dans la couleur de l’arrière-plan est une bonne façon d’obtenir la teinte de l’arrière-plan. Cela donnera aussi une cohérence chromatique globale à la scène.
Pour représenter la perspective atmosphérique dans un paysage, peignez l’arrière-plan plus flou, plus clair et plus froid.
Pour aller plus loin
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